Theude Grönland an Ernst Haeckel, Barbizon, 31. Dezember 1864

Barbizon près Chailly.

Seine et Marne.

31 Dec. 1864.

„Que nous enseigne, dès les premières pages, le livre de M. Darwin, sinon que les aptidudes que l’on observe aujourd’hui dans les espèces animales et végetales, et par conséquent dans notre propre espèce, sont le résultat d’un enchaînement de progress successifs? S’il en nest ainsi, la théorie de M. Darwin rattache toutes les choses actuelles aux choses d’autrefois, elle resserre les liens qui unissent le present au passé. Or puisque le progress qui s’opère sous nos yeux prend naissance d’un progrès antérieur; puisque la civilisation d’aujourd’hui est un édifice fondé sur les travaux de tous le temps, je craindrais désormais à la voir chanceller chaque fois qu’on touchera violemment à ces antiques assises, et je saluerai avec piété les traces encore lumineuses de ceux qui, par leur vertu, ont éclairé la nuit des âges écoulés, et montré la voie aux générations éteintes. Que ces hommes s’appellent Socrates l’Athénien ou Jésus de Nazareth, || extirper leur mémoire du sein d’humanité, ce serait briser un anneau de cette chaîne qui rattache l’heure présente aux siècles passés, et le progrès de ce jour au progrès des temps futurs.

La guerre naturelle, telle que nous la retrace M. Darwin, nous apprend que chaque créature oppose une lute opiniâtre à des causes de destruction toujours renaissantes. Or, quand on reconnaît que tout être n’existe que parce qu’il est sorti vainquer d’un combat désespéré, on éprouve un indicible sentiment de respect pour toute chose vivante, et l’on voudrait agir comme le Brahmane qui chemine avec precaution par les sentiers afin de ne point porter atteinte à l’insecte ou à la plante que sons pied pourrait heurter. Loin donc de resister à la pitié qu’on éprouve pur les faibles, il est bon, il est juste que ceux qui sont forts de corps et d’ésprit leur tendent la main et leur infusent quelque chose de leur force et de leur vertu, pour que le plus grand nombre possible d’individus puissent participer au progrès general de l’espèce. ||

Et sit maintenant que je ferme le livre de M. Darwin, on me demandait quelles sont parmi tant de belles pages celles qui m’ont paru contenir le résultat le plus élevé, je dirais que ce sont les pages où l’auteur met en relief les effets de la sélection naturelle, et la montre comme l’instrument don’t Dieu se sert pour faire progresser, dans leur corps et dans leur âme, tous les êtres organises, depuis l’herbe et le vermisseau que l’homme foule aux pieds, jusqu’à l’homme lui-même.

Nul ne saurait prévoir combien grandes seront les métamorphoses que, dans le cours immense des âges, l’espèce humaine subira sous l’action continue de la sélection naturelle. Elle enfante et entretient un mouvement ascendant vers je ne sais quelle perfection infinie, mouvement auquel participent avec nous toutes les créatures qui palpitant sur le sein de la terre, notre mêre commune.

Cette conception du monde peut réconforter ceux qui travaillent au bonheur de leurs semblables, mais que trouble le conflit des opinions. On supporte mieux la chaleur || du jour, on trace d’une main plus ferme son modeste sillon, et l’on sème plus gaiement ses idées quand on sait qu’il y a dans la nature un loi agissante, en vertu de laquelle toute bonne semence doit nécessairement lever.“

Arnold Boscowitz.

(Extrait u Temps Nos du 11 et 17 Juillet.)

Obiger Auszug, lieber Prof. Häckel, führt mich zurück nach Villafranca und knüpft wieder an was Monate gelöst zu haben scheinen. Dieses war aber auch nur Scheinen, denn in der Idee war ich oft bei Ihnen und könnte Ihnen in dieser Hinsicht thatsächliche Beweise liefern.

Aufschieben ist aber eine schlimme Sache wenn sich’s von Briefen handelt und da nimmt’s kaum ein Ende.

Der letzte Jahrestag hat mich nun so streng gemahnt daß ich mich denn schließlich daran mache, Ihnen zu schreiben, Ihnen mein Kartenportrait als Erwiederung des Ihrigen zuzuschicken, und Ihnen endlich für || Ihren freundschaftlichen Brief Dank zu sagen. Wie Ihr Brief zurückgeht auf unsere Unterhaltungen so werde auch ich unsere Wanderungen und freundschaftlichen Zusammenkünfte nicht vergessen. Ich habe mich amüsirt meine Tour nach Nizza für einen Freund englisch niederzuschreiben; ohne Ihren Namen genannt zu haben konnte ich nicht umhin auch Sie in den Rahmen aufzunehmen und somit unsere Gespräche, Wanderungen u.s.w. wiederholt leben zu lassen.

Ich hoffe nun daß mein langes Schweigen Sie nicht abhalten wird mir Nachrichten von Ihnen zukommen zu lassen. Das Band unserer Freundschaft ist rein idealer Art. Was wir sind ist Nebensache, was wir denken und fühlen Alles. Diese rein menschliche Verbindung ist die Einzige die wirklichen Werth hat und in ihr liegt die wahre Verwandtschaft.

Ich hoffe nun daß die Zeit lindernd auf Ihre Schmerzen wirkt, daß die schöne Wissenschaft Sie erhält bis endlich das || Herz auch wieder auflebt zu milderem Genießen.

Sie wissen wieviel ich von der Darwinschen Theorie halte. Die Conclusion der Recension von Boscowitz schien mir so tröstlich und ausgleichend daß ich dieselbe für Sie niederschrieb. Ich möchte wohl Ihre Aussprache daneben sehen.

Lassen Sie mich doch wissen ob Sie nahe daran sind das angezeigte Werk über Darwin zu vollenden odera ob es schon erschienen ist. Vielleicht könnte ich es hier dann erlangen.

Ich schließe dies kurzen Zeilen, die nicht den Namen von Brief verdienen, mit den besten Glückwünschen für’s neue Jahr; leben Sie recht wohl, schreiben Sie mir baldigst und seien Sie versichert der dankbaren Erinnerung Ihres

Freundes

Th. Grönland

a gestr.: und; eingef.: oder

Brief Metadaten

ID
171
Gattung
Brief ohne Umschlag
Entstehungsort
Entstehungsland aktuell
Frankreich
Entstehungsland zeitgenössisch
https://www.geonames.org/3035009
Datierung
31.12.1864
Sprache
Deutsch
Umfang Seiten
6
Umfang Blätter
3
Format
13,3 x 20,9 cm
Besitzende Institution
EHA Jena
Signatur
A 171
Zitiervorlage
Grönland, Theude an Haeckel, Ernst; Barbizon; 31.12.1864; https://haeckel-briefwechsel-projekt.uni-jena.de/de/document/b_171