Holst, Christian

Christian Holst an Ernst Haeckel, Christiania, 1. November 1869

L’Université Royale de Norvège

a l’honneur de vous informer de la perle qu’elle vient de faire en la personne de

M. le Professeur Dr Michael Sars.

M. Sars, dont la réputation d’illustre zoologiste a été universellement reconnue, est né à Bergen le 30 Août 1805. Son père, Michael Sars, armateur, lui fit faire ses premières études classiques au lycée de Bergen et, plus tard, il l’envoya étudier la théologie à l’Université de Christiana. Déjà au lycée le jeune Sars s’appliqua avec une rare énergie à l’étude de la nature. Tous ses moments de loisir furent consacrés à acquérir des connaissances dans les sciences naturelles. Il étudia avec ardeur la botanique, la géologie et la zoologie. Cette dernière science avait cependant pour lui plus d’attraits que les autres et il finit par s’y vouer entièrement. Pour se procurer des moyens d’existence il fut cependant forcé de se créer une position, et en 1828 il passa à l’Université son examen en théologie. En 1830 il fut nommé pasteur à Kinn, dans le diocèse de Bergen. Il choisit de préférence cette paroisse parcequ’elle lui offrait, par sa situation, beaucoup de facilités pour ses recherches zoologiques. Dix ans plus tard il passa à la paroisse de Manger. Dans ces deux localités il poursuivait sans relâche ses études, et plusieurs de ses admirables recherches sur l’evolution et les metamorphoses des animaux inférieurs ainsi que la première livraison de son magnifique ouvrage Fauna littoralis Norvegiae datent de cette époque. Enfin en 1854 il fut nommé professeur extraordinaire de zoologie à l’Université de Christiania, et dès ce moment il lui fut permis de se livrer tout entier à son étude de predilection. Il continait ses recherches avec un zèle ardent et une assiduité sans relâche, et tous les ans nous avons vu sortir de sa plume habile des traités importants. Dans l’intérêt de ses études il fit assez souvent des voyages scientifiques. Il a deux fois visité la zone arctique, les îles Lofoten et le Finmark, et en 1852 et 1853 il étudia la fauna marine de Méditerranée. Il a acquis par ces voyages de très importants résultats pour la zoologie et, dans ses rapports au Gouvernement, il les a exposés avec un admirable talent. Ses études le conduisirent aussi sur le terrain de la géologie, et ses recherches sur la formation quaternaire de la Norvège ont amené des résultats féconds sous le double rapport zoologique et géologique. Sa reputation toujours grandissante lui a valu de bonne heure la reconnaissance du monde scientifique. Il fut créé docteur en philosophie et plus tar den médecine et il était membre d’un grand nombre de sociétés savantes étrangères. Il serait trop long d’énumérer ici nombreux ouvrages don’t il est l’auteur et d’en expliquer || la valeur scientifique. Nous bornerons à citer le jugement déjà porté sur ses premiers ouvrages par le célèbre savant Ed. Forbes. Quoique ces écrits aient paru pendant son séjour dans les contrées solitaires où il exerçait son ministère, loin des villes ou des ressources de la littérature, et quoique ses instruments fussent mauvais et incomplets, ce savant n’hésita pas à attribuer à ses recherches la plus haute valeur scientifique. “Les écrits sans prétentions de ce pasteur, dit-il, ont servi de modèles aux traités des savants professeurs de l’étranger, et ses découvertes de point de départ à des recherches et des commentaires détaillés de la part de célèbres physiologists.” – Ses recherches plus récentes ont porté son nom jusqu’aux régions les plus éloignées et on en même temps répandu sur sa patrie un éclat scientifique, dont elle lui devra une éternelle reconnaissance. Dans son dernier ouvrage si admirable: “Mémoire pour servir à la connaissance des Crinoïdes vivants,” il fait connaître une des découvertes les plus remarquables du siècle actuel, en décrivant un Crinoïde vivant du Nord appartenant à un groupe considéré comme éteint depuis de longues époques géologiques. Enfin, dans les derniers temps, il s’occupait d’une autre question non moins importante, savoir: la distribution des animaux dans les profondeurs de la mer, et il doit être considéré comme le premier qui ait répandu une lumière satisfaisante sur cette grande question, négligée depuis si long temps. Aussi ses recherches sur cette matière servent-elles actuellement de base à des explorations très étendues dans d’autres pays. – Malheureusement la mort est venue le frapper au milieu de ses travaux. Il est décédé à Christiania le 22 Octobre dernier, à l’âge de 64 ans. Il laisse dans l’affliction une veuve, quatre fils et cinq filles. L’un de ses fils, M. Georg Ossian Sars, qui a embrassé les études de son père, poursuivra ses recherches trop tôt interrompues.

Christiania, ce 1er Novembre 1869.

C. Holst,

Secrétaire Perpétuel de l’Université.

 

Letter metadata

Verfasser
Empfänger
Datierung
01.11.1869
Entstehungsort
Entstehungsland
Besitzende Institution
EHA Jena
Signatur
A 48814
ID
48814